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Comment aider son enfant à changer un comportement / une mauvaise habitude ?

Dernière mise à jour : 9 févr. 2023


Pourquoi chercher à changer un comportement ciblé chez son enfant ?


  • Afin de l’aider dans sa prise d’autonomie

  • Pour lui transmettre les valeurs chères à votre famille et l’aider à respecter les règles de vie

  • Pour l’aider dans sa scolarité et dans ses relations aux autres

  • Pour améliorer le climat familial en cas de forte opposition


Les études en psychologie sociale nous montrent que l’attitude (nos valeurs, nos convictions) n'est pas forcément en lien avec le comportement (la façon dont nous agissons). > En tant qu’adultes, nous pouvons par exemple être tout à fait conscients des conséquences du dérèglement climatique mais rester imparfaits dans nos comportements de consommation, ou encore continuer à fumer tout en sachant que cette habitude est néfaste. C’est pareil pour les enfants ! Le rappel des règles de vie ne suffira souvent pas, puisque agir sur les convictions seulement ne suffit pas à bouleverser un comportement, surtout s’il s’agit d’une habitude ancrée.


Alors comment faire ?

Il s'agit d'agir directement sur le comportement et d'obtenir, avec de la pratique, de nouveaux comportements plus adaptés. en effet, seule la pratique permet d'opérer des changements durables dans le cerveau. Cet article a pour but de vous présenter plusieurs outils, idées, à ajouter à ce que vous faites déjà tous les jours pour votre enfant à la maison. Les recommandations que vous allez lire sont issues de longues années de recherches et présentées initialement par Alan E. Kazdin, professeur de recherche en psychologie et en psychiatrie infantile à l'Université de Yale, aux Etats-Unis. Les outils peuvent être retrouvés dans la formation en ligne « Everyday Parenting » (La parentalité au quotidien) disponible gratuitement sur le site coursera.org

Avant de commencer - Avertissement

Les outils présentés ici sont issus du courant comportementaliste de la psychologie : Le fonctionnement cognitif de l'enfant n'entre donc pas en considération dans les diverses recommandations données. Or, nous le savons, de nombreux enfants présentent un fonctionnement cognitif atypique. Cela peut être le cas des enfants présentant un retard global de développement, un trouble du spectre autistique, un trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH) ou des troubles DYS, par exemple. Le but de cette méthode n'est pas de faire disparaître les comportements parfois inhabituels des enfants, qui font partie de leur personnalité et de ce qu'ils sont. La singularité de chaque enfant est précieuse et certains comportements, comme l'agitation ou l'agressivité, peuvent constituer des défenses psychologiques mises en place naturellement par un enfant particulièrement anxieux par exemple. Il est possible que les recommandations données ici ne soient pas adaptées. Si les outils proposés, mis en place, ne fonctionnent pas malgré vos efforts, il est possible de faire appel à un professionnel de santé. Quand faire appel à un professionnel ? Dès que vous vous posez cette question ! Vous pouvez parler des difficultés de votre enfant à votre pédiatre et prendre rendez-vous chez un neuropsychologue.




Une introduction importante : Féliciter et compliment son enfant.


Comment féliciter / complimenter ?


Nous félicitons et complimentons nos enfants quotidiennement. Le fait de le féliciter et le complimenter une fois la tâche terminée peut aussi aider votre enfant à changer un comportement : se débarrasser d’un comportement ou en adopter un nouveau. Dans ce cas là, la façon de féliciter l’enfant est importante pour que cela soit efficace :

  • Etre enthousiaste

  • Préciser exactement la raison des félicitations (« Tu as rangé ta veste »).

  • Ajouter un élément non verbal (touche sur l’épaule, « tape là ! », un câlin, un bisou…)

  • Féliciter juste après l'apparition du comportement

A l'inverse, ce qu'il faut éviter au maximum lorsque l'on félicite un enfant :

  • Ne pas faire de lien avec les qualités de l'enfant ("Tu es vraiment gentil car tu as fais x").

  • Ne pas faire de lien avec l'amour porté à l'enfant ("Papa et maman t'aiment beaucoup car tu as fais cela", "Tu nous rends heureux en faisant ça").

  • Ne pas ajouter d'élément qui gâcheraient l'effet bénéfique des félicitations ("Bravo, tu as rangé tes jouets comme je te l'avais demandé, pourquoi ça n'est pas toujours comme ça ?")

  • Ne pas oublier d'encourager l'enfant avant ou pendant la tâche ! ("Courage !" "C'est dur mais tu peux essayer peut être que tu y arrivera !").


Entrons maintenant dans le vif du sujet...

Qu'est ce que nous pouvons faire avant qu'un comportement ait lieu pour rendre les comportements souhaités plus susceptibles de se produire ? Comment faire pour obtenir des comportements bien spécifiques ? Que faire lorsque le comportement qui n'est pas souhaité apparaît ?

1. Agir avant le comportement


Les instructions

Les instructions données à l'enfant pour qu'il agisse sont généralement verbales : "Va te laver les dents s'il te plait". Il peut être aussi intéressant d'envisager des instructions non verbales :

  • Instruction physique : Mener l'enfant par la main jusqu'à la salle de bain et lui donner sa brosse à dent.

  • Instruction visuelle : Montrer à l'enfant que l'on se brosse les dents. Mettre en place un emploi du temps visuel avec un pictogramme d'une brosse à dent qu'il peut scratcher quand c'est fait.

Formuler la demande

Nous savons que la même demande peut, ou non, conduire à ce que l'enfant obéisse en fonction de la manière dont elle est formulée. Certaines formulations vont donc réduire les chances que l'enfant obéisse : L'utilisation d'un ton trop dur ou de menaces par exemple. Alors quelles sont les façons les plus efficaces de formuler une demande ?

  • Etre le plus spécifique possible : "Va ranger ta chambre" n'est pas assez spécifique. "Ramasse les vêtements qui traînent et mets les dans la panière à linge" sera beaucoup plus efficace. Le fait de décomposer la demande en petites étapes va aider à créé l'habitude chez votre enfant et l'aide également à s'organiser.

  • Utiliser le plus possible un ton de voix agréable et doux.

  • Offrez à votre enfant la possibilité de faire un choix : "Nous sortons, mets ta veste rouge ou ton pull vert s'il te plait", "Tu peux faire des devoirs dans ta chambre ou dans le salon".

  • Le simple fait d'ajouter le mot "s'il te plait" à la fin d'une demande va augmenter les chances de voir l'enfant obéir.

  • Proposer son aide à l'enfant. Fournir une assistance brève à votre enfant peut permettre d'initier l'activité ou le comportement, il sera alors ensuite possible de retirer l'aide rapidement lorsque l'enfant a démarré.

  • Formuler la demande en défi : "Je parie qu'il est impossible de ramasser tous les vêtements de ta chambre en moins de 10 minutes, c'est impossible, aucun enfant ne peut le faire !"



2. Agir sur le comportement

Le système par étapes

Le système par étape consiste à récompenser de petites étapes qui s'approchent ou commencent à ressembler au comportement final souhaité. L'arrangement est utilisé naturellement pour de nombreux apprentissages, comme les premiers mots prononcés qui poussent à féliciter un enfant vers l'acquisition de la parole ou encore les premières notes jouées sur un instrument de musique avant d'entendre des mélodies perfectionnées. Cette logique peut s'appliquer pour obtenir un comportement souhaité.

Vous souhaitez que votre enfant soit plus attentif à vos demandes. Commencez par le féliciter lorsqu'il obéit à une demande très simple, sans tension associée, comme "Attache ta ceinture s'il te plait" ou "Viens jouer dans le salon". N'hésitez pas à le féliciter durant quelques jours sur toutes les actions simples pour lesquelles il parvient à obéir, ce qui entraînera naturellement sa capacité d'écoute pour les demandes plus complexes. Le système par étapes est très efficace pour agir sur le temps : Augmenter le temps des devoirs petit à petit ou réduire le temps de préparation petit à petit.


Pour mettre en place le système par étapes :

  • Viser le comportement final souhaité : Ecrivez le pour qu'il soit clair et concret. (Ex. Manger du brocolis, débarrasser la table)

  • Diviser ce comportement en plusieurs étapes et fixer la première étape. (Ex. Poser une cuillère de brocolis contre ses lèvres sans les manger, débarrasser son assiette)

  • Choisir un renforcement positif (Ex. Des félicitations ou un système de récompenses / points)

  • Féliciter / Récompenser l'enfant à chaque fois que la première étape du comportement est observée.

  • Quand la première étape est observée assez souvent, quelques jours plus tard, augmenter la difficulté en passant à l'étape suivante. (EX. Manger un petit morceau de brocolis, débarrasser les couverts) Si c'est trop dur pour l'enfant, essayez de simplifier encore la première étape ! > Parler simplement de brocolis peut être une étape, ou en tolérer la vue dans son assiette, regarder quelqu'un d'autre en manger.

  • N'oubliez pas d'encourager votre enfant et de faire preuve d'empathie (vous pouvez lui dire que vous comprenez que ce n'est pas facile pour lui).


Le jeu de rôle


A nouveau, dans l'idée d'agir directement sur le comportement en multipliant les occasions qu'il apparaisse pour le renforcer et en créé une habitude, le jeu de rôle peut s'avérer très utile. Le jeu de rôle consiste à provoquer le comportement voulu dans des conditions artificielles, de jeu. On pratique le comportement de manière répétée dans ces circonstances artificielles ou simulées afin que cela se répercute sur des situations bien réelles. Comment utiliser le jeu de rôle ? En 5 étapes :

  • Commencer par définir le comportement que vous souhaiter changer. Prenons une situation d'exemple : Votre enfant entre parfois dans d'énormes crises de colère pendant lesquels il peut devenir violent, jeter des objets et crier très fort. Votre objectif est qu'il parvienne à cesser la violence, les cris, les projectiles.

  • Expliquer le jeu à votre enfant. Choisissez un moment de la journée où il n'y a aucune tension. "Je te propose que nous jouions au jeu de la grosse colère, mais nous allons juste faire semblant. Je vais te dire que nous ne pourrons pas aller chez mamie ce soir, mais c'est juste pour faire semblant, en réalité nous pourrons. Ensuite, c'est à ton tour de bien faire semblant. Tu dois t'énerver mais sans frapper ou jeter de choses. Tu peux par exemple dire non, paraître en colère, croiser les bras, regarder ailleurs, froncer fort tes sourcils." Il est possible de montrer la réaction attendue à l'enfant pour lui donner un modèle.

  • Jouer la scène prévue.

  • Féliciter l'enfant s'il parvient à contrôler sa colère dans le jeu.

  • Pour répéter le comportement de nombreuses fois afin qu'il se transfère sur la vie quotidienne, il est possible de proposer à l'enfant de recommencer plusieurs fois en le défiant.


Donner un exemple


Si vous avez déjà demandé à votre enfant de vous imiter, vous avez du vous rendre compte de la facilité avec laquelle il parvient à rejouer vos comportements, quasiment à l'identique. Tout simplement car l'enfant en vous observant, apprends énormément et même s'il ne s'est jamais exercé à être vous, des neurones dits "miroirs" s'activent dans son cerveau dès qu'il vous observe. Ces neurones miroirs vont créer de nouvelles connexions neuronales dans le cerveau, comme si l'enfant avait réellement effectué les actions qu'il n'a fait qu'observer chez vous. L'impact de l'observation peut être important. Par exemple, nous savons que les enfants s'adressent à leurs pairs en utilisant les mêmes techniques que celles utilisées par leurs parents. C'est de ce mécanisme que l'on va se servir ici : Permettre à l'enfant d'apprendre en observant. Comment faire pour conscientiser cet apprentissage par l'observation ?

  • Déterminer une caractéristique que vous souhaitez voir apparaître chez votre enfant. (Ex : Etre gentil avec les autres enfants).

  • Faire une liste de 4 ou 5 comportement spécifiques qui entrent dans le cadre du comportement général choisi. (Ex : Aider les autres quand ils sont en difficulté, laisser quelqu'un commencer en premier lors d'un jeu, consoler quelqu'un qui est triste, etc.).

  • Chercher maintenant des occasions dans le quotidien afin de donner un exemple de ces comportements spécifiques à l'enfant. Il s'agit de guetter les occasions, puis d'énoncer clairement ce qui est fait. (Ex : "Je laisse la place à ce monsieur dans le bus, car il a du mal à marcher"). Il est aussi possible d'énoncer ce qui est fait par quelqu'un d'autre. (Ex : Un héros de livre/dessin animé qui fait preuve de gentillesse).

  • Féliciter l'enfant lorsque vous observez des actes de gentillesses de sa part.

Attention, l'observation pousse aussi l'enfant à adopter les mauvaises habitudes de ses parents. Il est donc important d'éviter - au maximum, car personne n'est parfait - de lui donner à voir les comportements que l'on souhaiterai voir disparaître chez lui.


3. Agir après le comportement

Le comportement opposé

Un biais naturel, le biais de négativité, consiste à se concentrer d'avantage sur ce qui est négatif. Se concentrer davantage sur qui ne nous plaît pas dans un comportement et la façon dont nous pourrions l'éradiquer est normal. C'est normal car il s'agit d'un comportement qui nous sert à nous protéger et éviter au maximum les situations de danger, il est donc ici question d'un réflexe ancestral ! Il s'agit pourtant, avec cette technique, de sortir de ce biais en réfléchissant autrement :

  • Identifier un comportement que vous souhaitez réduire ou voir disparaître. (Ex : Les disputes entre frères et sœurs lorsqu'ils jouent ensemble).

  • Identifier ce qui pourrait être le comportement opposé : Qu'est-ce-que l'enfant pourrait faire à la place de ce comportement indésirable. Il s'agit parfois du comportement contraire, mais il peut aussi s'agir de n'importe quel comportement plus adapté. (Ex : Le frère et la sœur jouent tranquillement ensemble).

  • Féliciter l 'enfant dès que vous observez ce comportement opposé. (Ex : "Vous jouez ensemble calmement depuis 5 minutes, bravo, c'est super de vous voir vous entendre si bien !").


Le système de points

Contrairement aux félicitations, les points sont une récompense tangible que l'enfant gagne en adoptant des comportements que vous souhaitez développer chez lui. Ces points peuvent être symbolisés par des étoiles, des gommettes, des tickets, des jetons, etc...

Il s'agit ici de mettre en place un système de récompenses structuré. Les points sont gagnés par l'enfant qui a rempli un objectif déterminé auparavant, puis ils sont dépensés comme de l'argent. L'enfant peut les dépenser en privilèges (éviter une corvée, rester debout plus tard), en activités (jeu de son choix en famille, temps de jeu vidéo, organisation d'une soirée pyjama), ou en objets d'intérêts, comme de petits jouets.

5 étapes sont nécessaires à la mise en place du système de points :

  • Indiquer de façon claire les comportements qui font gagner des points. Les comportements sont idéalement choisis avec l'enfant et sont initialement les plus simples possibles. Ex : Réussir à aller au lit avant 20h, faire 10 minutes de devoirs le soir, ne pas laisser de vêtements par terre. A éviter car trop complexe, vague ou à trop long terme : Avoir de bonnes notes/Etre bon élève, être heureux, obéir.

  • Choisir de petits objets concrets pour servir de points. Ex : Jetons, tickets.

  • Mettre en place un moyen de suivre le montant des points gagnés. Le mettre en évidence : l'enfant doit pouvoir voir combien de points il a gagné. Ex : Tableau des comptes ou coller les gommettes, pot en verre dans lequel mettre les jetons et inscrire le total au feutre effaçable sur le pot.

  • Préciser combien de points sont gagnés pour chaque comportement. Féliciter l'enfant lorsqu'il obtient un point et lui préciser pourquoi il le gagne. Si le comportement n'est pas effectué, dire à l'enfant qu'il aura la possibilité de réessayer plus tard, sans renforcement négatif (punition, sarcasme ou colère) car cela n'est pas le but ici. Ex : Pour le coucher avant 8h, une étoile. Pour les vêtement, une étoile par journée sans vêtement au sol.

  • Mettre en place un menu des récompenses, qui indique ce que les points obtenus peuvent acheter et à quel prix (combien de points doivent être dépensés pour obtenir la récompense). Ex : Une histoire supplémentaire avant de dormir coûte 1 étoile, une soirée pyjama coûte 20 étoiles.

A propos des récompenses : Les bonbons et autres sucreries peuvent être ajoutés mais ne sont pas recommandés. En effet, le risque ici est d'établir un lien trop important entre les aliments sucrés et le réconfort d'une récompense obtenue grâce à des efforts. Il est important d'ajouter de petites récompenses que l'enfant pourra obtenir très rapidement, et des récompenses plus importantes pour lesquelles il devra économiser.


Quand arrêter le système de points ? Quand les comportements sont ancrés, il est possible de voir avec l'enfant s'il souhaite arrêter ou s'il pense en avoir encore besoin. Souvent, ce système s'arrête petit à petit naturellement. Il est aussi possible de commencer par réduire le programme et ne procéder aux points que les week-ends par exemple.



L'indifférence planifiée

Le biais de négativité précédemment évoqué, peut pousser un parent à rester indifférent lorsque le comportement souhaité est adopté (ex : le frère et la sœur jouent calmement) et devenir attentif ou n'intervenir qu'à partir du moment où une dispute éclate. Pourtant, de nombreux enfants perçoivent l'attention de leurs parents comme quelque chose de très positif et vont chercher à reproduire cet effet dans le futur. Le biais de négativité va donc, à nouveau, jouer contre l'adulte : Donner de l'attention à l'enfant lorsqu'il ne se comporte pas comme souhaité, va conduire celui-ci à vouloir reproduire le comportement, qui pourrait devenir une mauvaise habitude.

Comment fonctionne l'indifférence planifiée ? Il s'agit d'ignorer délibérément un comportement indésirable afin de le réduire. Ignorer consiste à ne pas regarder, ne pas parler ni sourire. Il peut même s'agir de se détourner, parler à quelqu'un d'autre ou sortir de la pièce. > La clé de l'indifférence planifiée est de s'assurer de porter par ailleurs une grande attention aux comportements souhaités.

Etre indifférent face à un comportement indésiré est très difficile ! Il est possible de commencer par s'entraîner ou encore demander l'aide d'un autre adulte pour parvenir à s'empêcher d'intervenir.

L'indifférence planifiée ne permet pas de développer les comportements souhaités, mais garantie simplement de ne pas récompenser accidentellement les comportements indésirés.

4 conditions à l'efficacité de l'indifférence planifiée :

  • Définir le comportement que vous souhaitez ignorer et donc réduire chez l'enfant. Ex : L'enfant use de violence verbale pour réclamer quelque chose. Le comportement choisi est "Lorsque l'enfant réclame plusieurs fois quelque chose avec un ton agressif".

  • Définir de quelle façon vous souhaitez ignorer le comportement. Ex : Regarder ailleurs, n'avoir aucune réaction faciale, sortir de la pièce.

  • Etre le plus cohérent possible en ignorant le comportement choisi dès qu'il émerge. Il est possible que cela soit parfois impossible, quand la situation devient trop envahissante par exemple, cela n'est pas grave, mais cela doit rester exceptionnel pour que l'outil fonctionne.

  • S'attacher à apporter une attention grandissante au comportement contraire et souhaité. Cette étape est primordiale. Ex : L'enfant demande quelque chose avec un ton approprié. Le féliciter en lui expliquant pourquoi, répondre à sa demande et lui accorder du temps immédiatement.

Note importante : Lors de sa mise en place, l'indifférence planifiée peut avoir un effet paradoxale au début. Le comportement indésiré peut effectivement apparaître bien plus important au niveau de son intensité qu'habituellement. L'enfant, qui était jusqu'alors pris en compte dans ce comportement, est ignoré soudainement. Naturellement, il va amplifier le comportement pour tenter d'obtenir une réponse. Cette réaction est toutefois brève et n'est pas un signe que ce qui est mis en place ne fonctionne pas. Après quelques jours, cet effet disparaîtra.


La punition

La punition est souvent utilisée pour plusieurs raisons : Faire réfléchir l'enfant sur ses actions, veiller à ce qu'une action ne reste pas sans sanction, lui enseigner la justice et à faire la différence entre ce qui est bien ou mal, ou enfin faire en sorte que l'enfant assume la responsabilité de ses actes. La punition permet elle de répondre à toutes ces attentes ? Rien n'est moins sûr. Les études montrent que la punition n'est pas réellement efficace pour permettre le développement de comportements souhaités sur le long terme.


Il existe trois sortes de punitions :

  • Faire vivre à l'enfant une expérience négative ou indésirée : réprimander, crier sur l'enfant.

  • Retirer un privilège ou une expérience positive et désirée : interrompre un jeu, priver l'enfant de récréation.

  • Demander un effort particulier à l'enfant, souvent sur une tâche pénible : lignes d'écritures, corvée en plus.

Trois effets communs aux différentes sortes de punitions sont retrouvés par les chercheurs :

  • La punition permet de stopper le comportement car il l'interrompt et participe parfois à une réaction de peur, liée à la valeur effrayante de la punition.

  • Les effets de la punition ne sont plus visibles après ce point : l'enfant reproduira très probablement le comportement sur le long terme. L'effet est donc important à très court terme, mais ne se poursuit pas sur le long terme.

  • Les parents sont souvent amenés à durcir les punitions avec le temps en constatant leur inefficacité, ainsi qu'en augmenter la fréquence. Cela peut être très frustrant de voir qu'une petite punition n'a aucun effet, le parent va donc naturellement essayer de punir plus sévèrement l'enfant et plus fréquemment. Cela n'augmente pourtant pas l'efficacité sur le long terme, mais toujours uniquement sur le très court terme. Aussi, les parents souhaitent souvent appliquer une punition qui semble proportionnée à ce que l'enfant a fait. En effet, s'assurer que la punition correspond à l'ampleur de la bêtise devrait enseigner la justice à l'enfant. De plus, la frustration d'un comportement aux antipodes des valeurs familiales pousse souvent le parent à user d'une punition beaucoup plus importante, toujours dans une idée de justice. Cette idée semble raisonnable et logique, cela n'est pourtant pas efficace sur le long terme et n’empêchera pas l'enfant de reproduire le comportement.

Des effets secondaires aux punitions ont de plus été observés :

  • L'enfant puni va souvent montrer une réaction émotionnelle forte. Au niveau comportemental, cela peut inclure de l'argumentation, des cris, des pleurs, des gestes de violence. Au niveau émotionnel, l'enfant peut ressentir de la colère, de l'angoisse, de la peur et se sentir honteux ou vexé. Ces émotions n'encouragent pas le changement de comportement.

  • L'enfant peut montrer une attitude de distanciation ou d'évitement face au parent qui le puni, ce qui peut détériorer la relation de façon importante. Cette attitude d'évitement peut aussi concerner les punitions qui utilisent des activités que le parent aimerait que l'enfant apprécie : en lui faisant faire des lignes d'écriture comme punition, l'enfant va probablement éviter cette activité par la suite.

  • L'enfant peut se montrer plus agressif s'il est d'avantage puni. C'est d'autant plus vrai que la punition comporte un contact physique (gifle, fessée).

  • Les punitions utilisées par les parents à la maison vont être, à leur tour, utilisées comme mode de communication entre l'enfant avec ses pairs : Un enfant habitué aux cris va davantage crier pour communiquer.

Les divers outils proposés dans cet article sont donc à privilégier à la punition qui sera, quant à elle, utilisée pour son effet immédiat et à très court terme : Stopper un comportement lorsqu'il prend trop d'ampleur (Ex : Lorsque l'enfant se met en danger immédiat). La punition doit enfin rester exceptionnelle pour éviter les effets secondaires évoqués.



Et les adolescents ?


Les outils présentés sont également fonctionnels auprès des adolescents. Des ajustements sont toutefois parfois à prévoir :

  • Les félicitations sont souvent plus efficaces auprès des adolescents lorsqu'elles sont moins expansives : Le regard des autres étant particulièrement important, il est possible de prendre le jeune à part ou de le féliciter d'un ton plus calme. Il est cependant toujours nécessaire de lui expliquer les raisons exactes pour lesquelles il est félicité.

  • La technique de l'indifférence planifiée est également très utile. Le biais de négativité atteint particulièrement les adolescents. Cette période de changements est parfois source d'angoisse pour les parents et les adolescents sont souvent dépeints de manière très négative par les diverses représentations existantes dans notre société. Les parents peuvent ainsi avoir tendance à souligner les changements négatifs : L'ado lève souvent les yeux au ciel, répond de manière désagréable, n'est plus intéressé par rien en dehors de ses amis... Même s'ils sont peu ou très peu nombreux, les moments positifs d'interactions peuvent être encouragés par une attention grandissante, un retour sur la qualité de votre discussion et pourquoi vous l'avez apprécié, tandis que les particularités vus négativement seront ignorées.

3 nouveaux outils peuvent être introduits avec un adolescent :

  • Les compromis : À l'adolescence, un enfant a souvent des idées plus arrêtées sur des sujets tels que - comment s'habiller, quoi manger, où aller, avec quels amis, quelles convictions avoir sur les grands thèmes de la vie et quelles valeurs adopter. Beaucoup de ces points de vue semblent être délibérément opposés à ceux des parents. Même si ces points de vue pourraient bien changer plus tard, ils sont souvent source de conflits durant cette période. Parmi les problèmes susceptibles d'apparaître, figurent les différences de règles à la maison et ce qui est et n'est pas permis dans le comportement de l'adolescent. Il est possible d'apaiser ces conflits en développant des compromis sur les règles qui guidaient l'enfant jusqu'alors. Ex : Sur le rangement de la chambre. L'adolescent souhaite que les parents ne rentrent plus dans sa chambre et ne touchent à aucune de ses affaires. Les parents souhaitent que la chambre soit rangée. Le compromis : Les parents acceptent de ne plus entrer dans la chambre si 3 conditions sont respectées - Aucun risque d'incendie (vêtements sur les ampoules, près des radiateurs), pas de restes de nourriture, pas de vaisselle qui pourrait manquer aux parents. Identifier les compromis possibles en fonction des valeurs à respecter est propre à chaque famille. Il est par exemple possible d'envisager de permettre aux adolescents d'adopter un comportement jusqu'alors peu autorisé s'il ne compromet pas la sécurité ou la santé du jeune. A noter que durant l'adolescence, de nombreux comportements sont susceptibles d'être temporaires. Faire des compromis permet enfin de donner un exemple : Deux personnes peuvent être en désaccord mais s'entendre, en étant raisonnables.

  • La négociation : La négociation correspond au cheminement qui débouche éventuellement au compromis. Tout effort visant à contrôler ou même à influencer les facettes de la vie de l'adolescent pourrait susciter résistance et/ou opposition. Tout en continuant à prendre certaines décisions pour et à la place de l'adolescent, il est possible de l'impliquer dans des choix et la négociation est alors la clé. Il est importante d'écouter l'adolescent sans l'interrompre et d'être attentif, même si ce qui est dit semble naïf ou idiot. Etre respectueux de la parole de l'adolescent n'est pas toujours facile, cela implique de ne pas juger ce qui est dit, ni par la parole, ni par des indices non verbaux (lever les yeux au ciel, souffler). Négocier sur un sujet nécessite de rester focaliser sur ce sujet et ne pas reparler d'actions réalisées précédemment par l'adolescent ou encore d'autres sujets conflictuels. Lorsque le parent a la parole, il peut fournir un certain nombre d'options sur la manière de procéder, pouvant inclure deux ou trois solutions possibles, qu'il présente d'un ton peu autoritaire. Il est possible de commencer par négocier sur un événement qui n'est pas conflictuel et dont les enjeux sont faibles. (Ex : Comment organiser le départ en vacances).

  • La résolution de problèmes : La résolution de problèmes permet de gérer des situations difficiles, notamment au sujet des relations sociales. Celles-ci peuvent être des interactions avec des pairs, des enseignants, des entraîneurs, une petite amie ou un petit ami et bien sûr un parent. La résolution de problèmes comprend plusieurs étapes : - Identifier et spécifier le problème. (EX : L'adolescent se fait harceler par une bande de collégiens durant les temps de pause). - Encourager l'adolescent à trouver des stratégies et/ou des solutions potentielles pour résoudre ce problème. (EX : "Que pourrais-tu faire pour améliorer cette situation ?"). - Choisir avec l'adolescent deux ou trois manières possibles de gérer la situation. (EX : En parler au proviseur ; rester dans un coin calme que la bande de collégien ne fréquente pas : bibliothèque, salle informatique ; préparer des réponses toutes faites). - Déterminer les conséquences possibles pour chaque solution envisagée. (EX : "Que se passera t-il si tu ignores leurs remarques ?") Permettre à l'adolescent de s'exprimer librement ou encore grâce à une liste de conséquences positives et négatives. - Sélectionner la solution la plus adaptée en fonction des conséquences. - A travers des jeux de rôles, jouer la situation ainsi que la solution choisie. (EX : Le parent joue le rôle d'un harceleur qui va être ignoré, puis les rôles sont inversés).

Un peu de lecture pour finir ...


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